DU CRI A L'ECRIT

L'EDITO

Nous exerçons des métiers de la parole.
Le travail de nos collaborateurs, au plus près des personnes vulnérables, c'est de leur parler : la relation de soin, l’accompagnement de proximité, le travail éducatif, tout ceci passe par des manières d'être, des attitudes mais aussi et surtout par des signes, des mots, des propos, des formes multiples de langage. Plus même, une grande part de ce travail social consiste à permettre aux usagers de prendre eux-mêmes la parole, à les inviter à parler, quelles qu'en soient les formes. 
La parole est l'instrument des métiers du social. Elle est même le média fondateur de notre culture professionnelle. On nous le reproche suffisamment d'ailleurs… « Dans le secteur social, ils causent !… Ils causent !… »

S'agissant précisément d'une culture professionnelle, il en est de même à l'échelon de l'encadrement : le directeur et le chef de service parlent, expliquent, argumentent plutôt que d'afficher une note de service ! Nous héritons d'un management par la parole et l'échange, d'un management par la controverse et de la controverse. Ce n'est pas facile, ça prend du temps de discuter, d’argumenter et de tenter inlassablement de se mettre d'accord et… ça ne marche pas toujours ! Mais c'est sans doute en cela que ce secteur social et médico-social n'a pas à rougir de son management : notre pratique historique de la participation et de la construction collective est enviée par bien des managers de PME ou d’organismes administratifs qui se débattent avec les rigidités et la pauvreté des organisations trop bureaucratiques : notre expérience de la parole partagée donne du poids à chacun des membres de l'organisation et constitue le fondement indispensable à ce que tous les dirigeants recherchent aujourd'hui : « l'intelligence collective ».

Mais n'oublions pas que ce souci de la parole est parti d'un cri.
Celui de ceux et celles, militants, parents, professionnels de la première heure qui se sont sentis concernés et révoltés par l’exclusion et la vulnérabilité des marginaux, des mineurs en difficulté, des personnes handicapées et qui ont progressivement, méticuleusement, construit et structuré ce secteur professionnel. La parole des fondateurs était un cri de révolte.
Ce fut dans un autre temps.

Nous ne sommes plus de ce temps-là. Une seconde professionnalisation du secteur est en cours qui réclame plus de méthode et de rigueur, des procédures, du formalisme, de l'efficacité et des preuves d'efficacité. La parole doit se faire utile; elle se veut plus technique et moins politique. Ceux qui nous y invitent ne sont pas illégitimes : les dirigeants d'ARS ou les élus de conseils départementaux sont, eux aussi, garants du bien commun et fondés à dessiner l’horizon du travail social et médico-social relevant de leur compétence.
Et d'ailleurs, à l'ARAFDES, nous relayons volontiers cette nécessité d'une exigence permanente de qualité, de performance et de rigueur de gestion. Il nous semble que la crédibilité même du secteur social et médico-social est à ce prix.
Mais cette « nouvelle professionnalité » est encore en friche. Qui seront les professionnels et les managers de demain ? Comment vont-ils faire au quotidien ? De quelles ambitions neuves qui ne soient pas que nostalgiques, seront-ils les hérauts ? De quelle parole seront-ils porteurs ?

Ceci, il nous faut le travailler, le mettre sur la place publique, en débattre et puis l'écrire. L’écrire pour transmettre et pour se mettre au risque de la controverse.
Passer du cri à l’écrit, ce n’est pas renoncer à la portée politique de nos métiers, c’est s’obliger à la lester par la raison et l’argument.

Bernard LEMAIGNAN
Directeur Général.

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Publié le 19 décembre 2017
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Fiche actualisée le 19 décembre 2017
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14, rue Berjon - 69009 LYON
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