Partir ...

Après 8 années à la direction de l’ARAFDES, Bernard Lemaignan est désormais « à la retraite ». Vendredi 17 janvier, nous étions nombreux pour lui manifester notre amitié et notre reconnaissance : anciens et nouveaux élèves, intervenants et partenaires, et bien sur l’équipe et les administrateurs de l’ARAFDES. Nous avons entendu de bien belles idées, évoqué des souvenirs, goûté à l’éloquence d’orateurs aguerris, fait des compliments, rit des jeux de mots, certains involontaires. Nous avons admiré le talent de comédien de Jean-Philippe Amy, nous nous sommes délectés du discours de Bernard Lemaignan, tout en alexandrins. Et derrière ces mots, nous avons partagé l’émotion du moment. Comme l’a dit Christian Juncker, il y a dans une carrière un premier matin et une dernière fin d’après-midi.

Mais qui se rappelle de son premier matin ? Quel était-il ? Evoque-t-on le boulot d’été, les vendanges, le TUC, l’emploi jeune ou autre contrat aidé en fonction des époques ? Les CDD ou le premier CDI ? Le démarrage est parfois incertain, la retraite ne l’est pas, deux courriers suffisent à sceller l’affaire, l’un à sa caisse, l’autre à son employeur. Le retour en arrière n’est dès lors plus possible, la date est connue, le compte à rebours enclenché.

Pourtant, préparer son départ, n’est pas seulement préparer sa retraite. Souvent à l’ARAFDES est évoquée la question du « premier jour », l’arrivée dans une nouvelle fonction, dans un nouveau travail. Le lieu s’y prête et la question mérite d’être travaillée. La fin de la carrière pourrait-elle être regardée et préparée en miroir ?  Quelle sera la dernière chose que vous ferez en partant ? Peut-on, engagé dans le quotidien de sa fonction, prendre un temps d’observation avant de rédiger un « rapport d’étonnement » ? Doit-on recevoir chacun en entretien pour clore la relation comme on avait pensé nécessaire de le faire à son arrivée ? Doit-on réunir toute l’équipe pour être « désinstallé » et légitimé dans sa retraite ? Clore des dossiers, préparer sa succession, annoncer son départ, écrire ce qui doit l’être pour garder la mémoire, transmettre aux uns et aux autres les messages essentiels. Peut-on vraiment finir alors que le jour suivant, sinon son absence, tout est comme avant pour l’institution ? Certains retiennent leur souffle, mais rien ne s’écroule. Il faut certainement prendre de la hauteur pour accepter la situation. Cette nécessaire distance est souvent difficile. Certains prennent cette distance tellement longtemps à l’avance qu’on les juge désengagés. On dira d’eux plus tard « il/elle ne faisait plus rien depuis 1 an, 2 ans ». D’autres, la veille de leur retraite, sont comme au premier jour, animent des réunions, négocient des contrats, prennent des décisions qui engagent l’avenir. Ils empêchent de penser leur départ et rendent brutale leur absence. On se dit qu’« ils/elles ne voulaient pas lâcher ».

Ce n’est décidemment pas simple de trouver la juste distance, la juste présence. La question doit pouvoir se travailler, peut-être avec des tiers, peut-être avec des pairs, si toutefois, on a gardé ou acquis une humilité suffisante pour accepter que les problèmes complexes où la raison, l’inconscient et les émotions s’emmêlent, soient regardés au-delà de soi. On finit sa carrière probablement comme on l’aura vécu. Alors autant commencer à réfléchir à son présent.

Merci à Bernard Lemaignan pour ces années à l’ARAFDES et ce départ bien travaillé.

Merci à Murielle Cuttat qui commence l’aventure et relève le gant des défis à venir avec l'équipe permanente, les intervenants et les partenaires de l’Arafdes.

Valérie LÖCHEN 
Présidente

     

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Publié le 21 janvier 2020
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Fiche actualisée le 21 janvier 2020
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